L’écriture...

"C’est un "E" que tu as écrit là !?" J’ai 3 ans. Un intrus tout fin et tout long est invité à venir encombrer mes pauvres doigts. Entre le stylo et moi s'entame une histoire chaotique et tourmentée.

J'ai 4 ou 5 ans. "Applique toi un peu!"… ben, je fais ce que je peux !

6 ans, maintenant. Ça ne viens toujours pas...les mots dans la tête, oui, pas de problèmes. Mais sur la page, ben… pas terrible ! A ce moment, un autre intrus vient au secours du premier : un manche de guitare. On verra bien si ça décoince. En tout cas, ça me réussi mieux. Et ça sonne drôlement mieux qu'un stylo !

J'ai 14 ans, et l'intrus numéro deux est devenu si familier que les portes du conservatoire me sont ouvertes. Heureusement qu'aucune épreuve écrite n'est demandée pour y rentrer, car question écriture, presque aucune évolution en vue.

J'ai 20 ans et le conservatoire de Marseille entérine mes efforts musicaux par un prix de fin de cursus ("médaille d'or", qu'ils disent!). Mais par ailleurs, même le professeur d'écriture musicale a du mal à lire mes notes de musique. C'est dire si l'objectif premier n'est pas atteint. - et ne le sera d'ailleurs, hélas, jamais!

Bon, c'est super la guitare, mais à cette même époque, j'éprouve le besoin d'élargir mon territoire sonore en accueillant un nouvel intrus vibrant : la contrebasse. Wow ! Quel coffre !

J'ai déjà arpenté le monde de la musique électroacoustique, entamé les études d'harmonie et contrepoint, la musique de chambre, le solfège, etc. Voilà maintenant que s'offre à moi le monde de l'orchestre symphonique et des "sons filés" (archet). J'en profiterai plus tard pour me spécialiser dans la scansion magique de la basse Tango Argentin, que je pratique le plus souvent possible et avec délice dans des orchestres de bals ou spectacles spécialisés : !Flor de Quinteto, Tango Madame, No Bando, Meditango.

Quelques notes de jazz par ci par là (trio Easily), beaucoup de musique contemporaine (Ensemble Musique Présente, Télémaque), et ma voracité artistico-aventurière est satisfaite, enfin, presque...

Récemment, en 2004, un tiers intrus, toujours encordé, viens  concurrencer les deux précédents : la basse électrique. En avant pour l'aventure amplifié du pop-rock (Gouvernaire), afro-beat (Sango Bantou) et autre reggae à fond les décibels, et tout le matos qui s'embarque avec (gaffe aux oreilles, quand même). Rien ne m'arrête !

Les deux autres caisses à cordes n'ont pas à être jalouses. J'ai quand même, à l'époque, poussé l'étude de la première jusqu'au prix de Paris (École Normale Supérieure de Musique de Paris) et au Diplôme d'Etat (j'enseigne au Conservatoire d'Aubagne), et l'archet de la deuxième a peu de répit ces derniers temps. Notamment en accompagnement de Dyne,  très talentueuse jeune chanteuse-pianiste et auteuze compositeuze.

Vocation familiale diriez-vous ? Perdu : pas la moindre trace d'artistes dans mes ascendances. Liberté référentielle totale ! Une illustration exemplaire de cette vacuité en est l'ironique et lapidaire "à mon époque, la musique ça n'existait pas !", lancé par  ma paysanne de grand-mère voulant exprimer par là qu'en son temps, entre deux tondages laineux et autres travaux des champs, ben,...  z'avaient autre chose à faire qu'à frotter la vielle ! (j'aurais mieux fait de ne pas demander  "quelle musique d'antan au village" ?).
alors... ma vocation musicale ? Ben...

C'était écrit, probablement... tout simplement !…
Mais, pas par moi, heureusement !

Renaud

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